samedi 5 janvier 2013

Héroïne #1 : Elizabeth de Wittelsbach
















 Non, pas d'article sur les fêtes en perspective. Comme tout le monde, j'ai trop mangé, trop bu et j'ai été très gâtée. Mais pour moi, les vacances de Noël ne seraient pas les vacances de Noël sans les rediffusions tant attendues de Sissi, Sissi impératrice et Sissi face à son destin d'Ernst Marischka avec la toute jeune et délicieuse Romy Schneider dans le rôle titre.

 Je sais que pour la plupart, ces films sont niais et longs à mourir, que Franzi est d'un ennui contagieux et qu'ils ont mal vieilli. Mais figurez vous que moi, j'ai toujours adoré Sissi. Certes dans le film, c'est ses coiffures improbables et ses robes en mousseline qui me font rêver mais dans la bibliothèque familiale se cache un ouvrage sur Sissi qui m'a toujours fasciné, Sur les pas de Sissi. A base de photos, de peintures et de témoignages, Jean des Cars nous embarque dans la vienne de la fin du XIXème siècle. A chaque fois que se terminait le film, je fonçais chercher le livre de ma mère et parcourais avec délice les portraits de l'impératrice. Cette année n'a pas échappé à la tradition. 

 J'ai gardé pleins de souvenirs de ce livre et j'ai, pour une fois, pris la peine de le lire en entier sans me contenter des images. Satisfaite de ma lecture, j'ai continué ma chasse aux infos avec Elisabeth d'Autriche ou la fatalité de Jean des Cars qui a également écrit un ouvrage sur le cousin de Sissi, le fameux Louis II de Bavière. Certes plus basé sur les faits historiques, cette biographie m'en a beaucoup plus appris sur la souveraine autrichienne qu'aucuns des trois films de Marischka qui prend des libertés considérables sur la vie de Sissi. Ainsi, j'ai presque soupiré de soulagement en apprenant que Sissi n'eut jamais d'aventure avec le comte Andrassy et que ce dernier n'avait aucun sentiment amoureux pour sa reine, ce que laissait croire Marischka! Et à vrai dire, Elisabeth de Wittelsbach n'a presque rien en commun avec la Sissi édulcorée et naïve du film. 

 Très intelligente (elle parlait notamment croate et hongrois!) et consciente de son charme, elle a contribué à assagir bon nombre de conflits entre l'empire autrichien et ses ennemis. Elle a tant oeuvré pour la cause hongroise qu'elle est encore aujourd'hui une icône indétrônable à Budapest, la célèbre Erzébet. En effet, Elisabeth d'Autriche possède une beauté hors du commun, son seul défaut (dont elle aura toujours honte) est sa mauvaise dentition. Le monde entier n'aura de cesse de venir l'admirer, monarques européens et Shah de Perse! Lorsque son fils se marie, elle éclipse la beauté de la mariée et peu toujours prétendre au titre de jeune première. 

 Si a cinquante ans, elle en paraît 35, elle doit sa taille fine (50 centimètres) à une hygiène de vie drastique. L'impératrice s'alimente très peu, elle sera taxée d'anorexique : de viande crue au sang de boeuf, elle passe à huit oranges par jour, quelques tasses de lait et de  bière allemande qu'elle réussit à imposer à table! Après s'être fait quelques frayeurs équestre, Sissi se met à la marche. Personne ne pourra plus la suivre à pieds. Ultime révolution pour la cour, elle se fait installer une salle de sport et une baignoire! Sa seule ennemie restera Vienne, qu'elle assimile à sa belle mère autoritaire, l'archiduchesse Sophie ainsi qu'au protocole qui l'étouffe et l'empêche de vivre sa vie pleinement.

 Finalement, la vie de Sissi n'aura été que contrariétés, espionnage quotidien, poèmes romantiques, dépression et souffrances permanentes. Il faut dire que celle qui est née avec une dent, (comme Napoléon) et à qui l'on prédisait un destin hors du commun, avait en fait hérité de la folie neurasténique des Wittelsbach, ce qui la liera fortement avec son cousin Louis II de Bavière ; mécène de Wagner, enfant terrible de la bavière qui ruinera son propre royaume et finira par se jeter dans un lac. Il sera l'aigle et elle la mouette.

 Elle ne sera jamais vraiment libre et devra sa seule raison de vivre à ses chevaux (elle est une cavalière émérite!), son chien Shadow, sa dernière fille Marie-Valérie (on lui a retiré l'éducation des trois premiers) et ses voyages aux confins du royaume censés soigner sa tuberculose : Madère, Corfou, l'Irlande et l'Angleterre, la France, Alger et surtout la Hongrie. Elle y séjournera très souvent au grand dam des viennois! Elle verra mourir prématurément beaucoup de ses proches : sa fille aînée Sophie (à deux ans..), son fils Rodolphe (à Mayerling, l'une des grandes énigmes de l'histoire), son beau frère, son ami Andrassy, son cousin Louis II, ses deux parents et deux de ses soeurs, dont l'une brûlée vive. 

  Son mari lui accorde peu de temps tant les affaires de l'empire l'accaparent (Bismarck, le tsar de Russie et Clémenceau rôderont pas loin) mais bien souvent, François-Joseph souffre de ses très longues absences, lui qui aimait sa femme sincèrement. A sa mort, il déclarera "personne ne saura jamais combien je l'ai aimé"

 Sissi a 61 ans quand elle est assassinée en 1898 par Luigi Lucheni à Genève. Se déclarant anarchiste, il avoue avoir voulu tuer quelqu'un d'important, quelqu'un de riche. Il ne saura jamais qu'ironiquement, il aura tué une souveraine plus anarchiste que lui et qui haïssait la couronne bien plus encore.

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